Gestion des accès privilégiés (PAM)

Qu'est-ce que la gestion des accès privilégiés (PAM) ?

La gestion des accès privilégiés, ou la PAM (Privileged Access Management), regroupe l’ensemble des politiques et technologies permettant de sécuriser, surveiller et contrôler l’utilisation des comptes à privilèges au sein des systèmes d’information. Ces comptes sont de véritables sésames pour les infrastructures sensibles, car elles sont des cibles de choix pour les attaquants.

En adoptant une solution PAM, cela permet aux entreprises de contrôler avec exactitude qui a accès à quoi, quand et comment. L’objectif est de réduire les risques de compromission liés à une utilisation abusive ou malveillante des accès élevés, qu’ils soient d’origine externe ou interne.

La PAM utilise des règles strictes, comme donner le moins de droits possible et bien séparer les accès. Elle fait ceci tout en s’intégrant aux outils de supervision pour détecter et contenir les comportements suspects.

En quoi une solution PAM est-elle utile ?

Cas concret : un client a récemment dû faire face à deux incidents critiques. Dans le premier cas, les administrateurs systèmes utilisaient tous un même mot de passe via un compte générique “administrateur”. L’un d’entre eux, après avoir quitté l’entreprise, a continué à accéder au système pendant plusieurs mois, par une faute de changement des mots de passe. L’installation d’une solution PAM a permis d’instaurer des comptes nominatifs et une rotation automatique des mots de passe, supprimant ainsi ce point de vulnérabilité. Dans le second cas, la perte d’une base de données due à une erreur humaine est restée inexpliquée, sans avoir une surveillance active. Depuis l’intégration de la PAM dans cette entreprise, les commandes critiques nécessitent une autorisation manuelle, et chaque session est enregistrée, ce qui permet de tracer la personne à l’origine des actions.

La PAM ne se limite pas à un outil technologique : c’est une véritable arme de sécurité car elle permet : 

1) Sécuriser les identifiants sensibles.

Les identifiants privilégiés (mots de passe, clés API, certificats…) sont régulièrement visés dans les attaques. Selon le rapport DBR de 2023 de Verizon, 68 % des brèches impliquent un facteur humain. La PAM chiffre ces secrets, les renouvelle automatiquement et trace chaque tentative d’accès.

2) Réduire la surface d’attaque.

En limitant les accès à ce qui est strictement nécessaire selon les rôles, la PAM empêche les mouvements latéraux dans un réseau compromis. L’adoption du principe du moindre privilège freine la propagation d’un attaquant.

3) Enregistrer et tracer les accès

La PAM permet un suivi précis de l’utilisation du système d’information. Chaque session peut être enregistrée en vidéo, et les actions sensibles font l’objet de rapports horodatés. En cas de fuite de données ou de comportement suspect, il devient possible d’identifier rapidement l’origine et les responsabilités.

4) Contrôler et approuver les accès.

Seuls les utilisateurs autorisés peuvent accéder aux ressources sensibles, pour une durée limitée et validée par un ou plusieurs responsables. Certaines commandes critiques ne peuvent être exécutées qu’après approbation manuelle, réduisant ainsi les risques d’erreur ou de malveillance.

5) Répondre aux exigences de conformité.

RGPD, ISO 27001, HIPAA… Ces régulations imposent des contrôles rigoureux sur les accès aux données sensibles. La PAM facilite les audits grâce à des logs détaillés, l’enregistrement des sessions et l’automatisation des contrôles.

6) S’adapter aux environnements complexes.

La solution s’intègre aux outils de MFA existants et permet d’ajouter des couches d’authentification spécifiques. Elle offre aussi une gestion fluide des accès pour les prestataires externes et les partenaires, tout en restant sous le contrôle des administrateurs internes.

Comment fonctionne la gestion des accès à privilèges ?

Une solution PAM repose sur plusieurs mécanismes complémentaires :

  • Authentification renforcée (souvent via MFA).
  • Gestion des sessions : enregistrement vidéo, journalisation, alertes en temps réel.
  • Bastion ou coffre-fort à mots de passe : les identifiants ne sont jamais révélés directement aux utilisateurs.
  • Contrôle des droits d’accès basé sur des rôles, des plages horaires ou des contextes précis.

L’ensemble est gouverné par le principe du moindre privilège : chaque utilisateur ou processus ne dispose que des permissions strictement nécessaires à l’accomplissement de ses tâches. Ce principe s’applique aussi bien aux comptes humains qu’aux IA ou aux services applicatifs.

Que sont les privilèges ?

Les privilèges sont des permissions élevées dans les systèmes d’information. Cela peut inclure le fait d’avoir accès à des informations sensibles, de pouvoir configurer le réseau, avoir des droits d’installation ou d’exécution, ou encore avoir la gestion des comptes utilisateurs.

Que sont les comptes privilégiés ?

Les comptes privilégiés sont des comptes dotés de nombreux droits. Parmis ces session, on y trouve par exemple :

  • Comptes administrateur système
  • Comptes root sur les systèmes Unix/Linux
  • Administrateurs de bases de données (DBA)
  • Comptes techniques avec accès à l’infrastructure cloud ou aux configurations réseau
  • Accès aux environnements de production ou de développement
  • Utilisateurs en charge des clés de chiffrement ou du contrôle physique d’accès

Ces comptes ont la main sur des fonctions importantes d’une entreprise et en cas de compromission, ils peuvent exposer l’ensemble du système. La PAM vise à en restreindre cet usage, tout en surveillant et  garantissant une sécurité opérationnelle robuste.

Que sont les identifiants privilégiés ?

Ce sont les données d’authentification liées à ces comptes : identifiants, mots de passe, clés SSH ou API, certificats. Leur gestion sécurisée (rotation, stockage chiffré, accès indirect via bastion) est essentielle pour empêcher tout usage non autorisé.

En quoi la gestion des accès à privilèges diffère-t-elle de la gestion des identités ?

L’IAM (Identity and Access Management) est une brique plus large qui englobe l’ensemble des identités de l’organisation collaborateurs, partenaires, clients. Elle s’attache à définir qui peut accéder à quoi, à quel moment, en fonction de rôles métier.

La PAM, quant à elle, cible un périmètre restreint mais critique des accès à privilèges. Elle se concentre sur le comment, le quand et le pourquoi de ces accès, avec un niveau de contrôle et de traçabilité bien plus élevé.

IAM et PAM sont donc complémentaires. Une bonne stratégie en cybersécurité ne peut faire l’impasse sur l’une ou l’autre. La première garantit une gestion cohérente des identités, la seconde verrouille les points d’accès les plus sensibles.